96 LE PANGERMANISME EN AUTRICHE sure du possible, l’intérêt allemand et l’intérêt autrichien. Les deux phrases que nous venons de rappeler sont d’ailleurs loin d’être les seules qui nous renseignent sur le véritable caractère de la politique de M. de Beust. En effet, pendant l’automne de cette même année 1868, où commence, d’autre part, à s'esquisser l'idée d’une coopération franco-autrichienne, dirigée éventuellement contre la Prusse, M. de Beust prononçait un discours fort intéressant devant la commission de la Chambre des députés, chargée d’examiner la loi de défense militaire. Il y a notamment dans ce discours une phrase extrêmement significative, qui dévoile clairement les sentiments du ministre autrichien sur la question austro-allemande en général et sur la Prusse en ‘particulier. Voici cette phrase qui nous paraît intéressante à rappeler ici : « Je ne reviendrai pas sur cet accommodement (il s’agit de la Convention d'Olmiitz') qui fut considéré en l'russe comme une humiliation, en Autriche comme un succès, appréciation inexacte de part et d’autre1. » Ce simple jugement sur le passé n’en dit-il pas long sur les idées de M. de Beust en ce qui concerne la situation respective de l’Autriche et de la Prusse en Allemagne et n'est-il pas dans sa concision et sa netteté le commentaire le plus éloquent des événements de 1850? 1. Mémoires du comte de Beust (traduction Frédéric Kolin Abrest), t. Il, 1866-1885, p. 195.