14 LES BALKANS FACE A L’ITALIE orientale, vers l’Asie ottomane, vers l’Europe balkanique. On ne contrecarre pas un concurrent qui s’installe. On voit venir. On accueille, on écoute les propositions à longue échéance. Et l’on ébauche les tractations coloniales. La Méditerranée couloir impérial. — Les premiers ministres des Dominions sont en route pour la Conférence impériale qui s’ouvre à Londres, le 19 octobre 1926. Au passage, M. Mussolini leur lance, le 5 octobre, de Pérouse : l’Empire de Rome reposait sur la maîtrise de la mer. Ce devient une banalité d’écrire que la puissance britannique dépend de la domination navale. Jamais, à aucune époque de son histoire, la vie de la Grande-Bretagne ne fut si complètement tassée dans les cales de ses vaisseaux. C’est la famine qui la guette si son ravitaillement fait défaut : on le vit bien durant la Guerre, où elle fut un an à la merci d’une victoire sous-marine allemande. C’est le chômage qui la ruine si ses usines ne s’alimentent plus : la crise de 1926 est due surtout à la mévente; que serait-ce si aux 2 millions de chômeurs s’ajoutaient, par le manque de matières premières, la fermeture des usines, le désarmement des bateaux ? 80 0/0 de son pain, 23 0/0 de la viande qu’elle mange, la Grande-Bretagne les tient de l’Empire. Elle y puise 86 0/0 de la laine, 45 0/0 du coton, 78 0/0 du caoutchouc, 58 0/0 des graines oléagineuses, 35 0/0 des minerais que son industrie travaille. Autant dire que l’Em-pire britannique emplit les bouches et les gueuloirs, les cuisines et les usines, les broches et les métiers d’une Angleterre devenue la capitale économique de la moitié