LA QUESTION MACÉDONIENNE 113 500.000 réfugiés. Mais l’État grec seul a donné l’argent nécessaire à l’établissement d’un million d’hommes. La Macédoine et la Thrace étaient les terres les plus propices : d’abord parce que c’étaient les seuls domaines de grande propriété, les tchi/lik turcs: ensuite parce que, vu les conventions d’échange, les Musulmans et les Slaves quittaient le pays à tout jamais. Les terres vacantes, on les a partagées dans le plus strict esprit de justice, classant les sols selon la valeur, procédant au tirage au sort des parts nécessaires à une famille, dont beaucoup étaient privées du père, mort à la guerre ou en otage. Voici un petit village des environs de Serrés, au milieu de cette immense plaine jadis inculte, que ceignent les montagnes altières, comme le Pangée à l’horizon. Les eaux du lac Tachynos miroitent au loin. Sur une légère éminence le nouveau village, carré, s’étale. Au centre un grand bâtiment en construction, où les briques s’accumulent : c’est l'école, dont la masse imposante domine de loin déjà, et cela est un symbole. L’école est le premier besoin après la maison de famille. Et ce sont les cotisations des paysans seuls, la main-d’œuvre des paysans, qui la construisent. Nous entrons dans une maison basse, faite de briques séchées et couverte de tuiles. La femme apporte la eonfiture hospitalière, dont on ne goûte qu’une cuillerée à la ronde selon l’usage. Et les hommes causent entre eux. On accueille comme un conseiller, un confident, l’ingénieur agronome, qui a fait creuser le puits artésien, qui a amélioré les plants de maïs, de tabac, dont les dernières tiges dépouillées — c’est la fin de la récolte — couvrent de-ci de-là encore la plaine déjà labourée. Et l’on ne demande qu’une chose : la route. Car les pistes sont 8