AVANT-PROPOS 7 parmi ses sombres prophètes; l’Inde bouddhique et musulmane rétrécie à la « Non-coopération » de Gandhi. Quelle masse impressionnante d’anathèmes! Quelle armée terriMe d’invectives à l’adresse de l’Occident! Et quoi ? Toutes les forces politiques qui cherchent à Genève une coopération pour sauver l’Europe du désordre, toutes les forces économiques qui sous 1p signe de l’Acier commencent à s’unir, tous ces jeunes peuples, nés il y a dix ans à la vie, qui créent une littérature slave neuve, ne comptent point à côté de Darmstadt, de Santinikétan, au regard des Tolstoï, bolchevisé pour l’occasion, ou des Tagore, acclamé, dit-on, en Allemagne. M. Massis qui, à travers la brochure de M. Mirkine-Guetzevitch, les Scythes, — sans la citer, — a parcouru la philosophie russe moderne, les condamnations prononcées à ce tribunal contre Pierre le Grand et son œuvre, n’a pas lu les historiens. S’il avait eu la brève curiosité de feuilleter les quelques pages que l’ancien ministre Milioukof a consacrées dans le Monde slave de février 1925 au réformateur du dix-septième siècle, il aurait vu comme la Réforme de Pierre a été facile, purement technique, rapide, conforme à la marche ultérieure de l’histoire russe, assimilable, donc opportune. Parce que l’Europe se ferme aux conceptions soviétiques, parce que la Russie révolutionnaire se tourne aujourd’hui vers l’Asie, tous les Russes ne sont pas des « Scythes », ni toute la Russie n’est l’Asie. Le danger de crier : « Au loup ! » est parfois de le faire surgir. Ainsi va-t-on, à travers les confins des ^ mondes européen et russe, répétant que la contagion bolchévique gagne déjà les Balkans. On fournit des arguments à ceux qui ont dressé une dictature mili- l