70 LES BALKANS FACE A L’ITALIE qu’elle adhérait — dernière puissance européenne — à l’unité de la Roumanie. Geste tardif, qui n’empêche pas la chute du général Avérescou, imitateur du Duce. La dictature d’Avérescou. — Le général Avérescou a un grand passé militaire. Son rôle date de loin, du temps où il préparait l’armée contre les Bulgares, intervenait dans les guerres balkaniques et conquérait la frontière stratégique du quadrilatère dobrodgeain. Mais ses relations étaient intimes avec les chefs des états-majors autrichien et allemand; c’étaient les Puissances centrales qui cherchaient, par cette indirecte pression sur les Bulgares, à humilier la Russie protectrice-née des Slaves du Sud. La vie politique roumaine ne ressemble pas à la vie parlementaire de l’Occident. La masse paysanne est peu formée aux luttes politiques, s’intéresse bien . davantage aux questions sociales, agraires- Mais c’est aussi un prétexte pour certains gouvernements. A peine arrivé au pouvoir en mars 1926, le général Avérescou, mû par l’exemple fasciste, remplace les préfets par des colonels, change la loi électorale et donne à son parti, le « parti du peuple », une prime majoritaire formidable. Sur 2.622.000 votants, Avérescou en obtient 1.366.000, ce qui n’est déjà pas mal. Or, la Commission de recensement des votes accorde à son parti 292 sièges sur 387, ne laissant aux 1.256.000 électeurs qui ont eu le rare courage de voter pour l’opposition, la représentation illusoire de 95 députés épars : le « parti libéral » de MM. Bratianou, qui avait une importante majorité dans la Chambre précédente, revient avec 16 élus, et l’on voit apparaître un parti nouveau, fort peu antiminis-