LA QUESTION MACÉDONIENNE 111 des puits, offrent de l’argent. Le médecin, qui me promène dans sa petite auto autour de Strouga, est accueilli comme un bienfaiteur. « Sans lui, me dit un paysan, la malaria nous eût tués. » Le médecin ne s’applique pas seulement à guérir. Il veut prévenir essentiellement. Qui n’a pas vu ces villages de boue et de chaume de la Pélagonie, de la plaine de Monastir, écrasés par le soleil de l’été — il y à 47 degrés — et en hiver appesantis sous une épaisse couche de neige, n’a pas idée de la pauvreté misérable et malpropre qu’ont laissée les années de souffrances sous les Turcs et durant les guerres. On s’applique maintenant à conquérir l’enfance par la propreté et l’hygiène. Peu à peu se créent des bains scolaires, des bains populaires, — où il est encore difficile d’amener les femmes. — Des sanatoria d’été sont installés dans la montagne. Des auto-colonnes amènent les médecins itinérants qui examinent, prélèvent le sang, soignent les yeux et les dents. Dans les villes déjà chaque enfant possède sa fiche sanitaire, et on le palpe, le mensure, le pèse tous les mois. Avec quelle joie tous ces médecins — de tout jeunes gens la plupart, et quelquefois des jeunes filles — se dévouent à cette œuvre, qui conquiert la province la plus déshéritée du nouveau royaume! Pour beaucoup, qui ont fait leurs études à Paris, dans les universités françaises ou américaines, ce n’est pas un exil que cette vie de travail. De jeunes femmes, leurs femmes, ont accepté cette vie d’abnégation et de solitude et se contentent d’orner hs « Maisons de la Santé publique » du confort et de la grâce des ménagères occidentales. La colonisation grecque. — C’est à Salonique, sortie