LES BALKANS FACE A L’ITALIE Shqipérija, c’est-à-dire le « Pays des Rochers » (les indigènes ignorent le nom de l’Albanie)1 a puisé sur son sol même l’âpre foi patriotique, le ferme désir de la liberté. Depuis 1876, la « Ligue albanaise » a créé une « nation » albanaise, qui a lutté contre Abdul-Hamid, les Jeunes-Turcs et les Italiens. Depuis 1919 les tribus, les clans du Nord comme les villages du Sud, les musulmans du Centre comme les orthodoxes du Nord et les catholiques du Midi, sont avant tout Albanais. Leur civilisation, sans doute, ne ressemble guère à l’Europe occidentale. Mais contre l’étranger, unis par leur langue, par leur vie de pâtres montagnards et de petits cultivateurs, ils se retrouveront toujours pour résister à l’invasion. A l’écart des grand’routes balkaniques, la petite Albanie a dû à son isolement même sa réelle unité-Séparée de la Macédoine par les remparts de la Baba planina, par les effondrements des lacs murés entre leurs montagnes, inabordable par l’ouest à cause d’un littoral marécageux, paludéen, aux rares ports, délaissant les vallées blanches et brûlées de la Grèce, les escaliers noirs sur les granits et les sapins de la Vieille Serbie, les « Rochers » albanais forment une série de citadelles imprenables, que les conquérants éphémères durent toujours à la longue lâcher. N’ayant plus conservé de leurs passagères victoires que le roc insulaire de Sasséno, au large de Vallona, les Italiens tentent de remplacer leurs armes défaillantes par une vigilante diplomatie. Ils tablent sur les dissensions religieuses, persuadés que les temps, à défaut des ambitions, n’ont pas changé. Une Nation, quoi qu’on dise. Des cellules étroites, de