40 LES BALKANS FACE A L’ITALIE seigneurs féodaux, propriétaires terriens et condottieri en armes, étaient les maîtres du sol. Le ftss, la tribu du Nord, le village démocratique du Midi, répandaient leur influence. Il y eut donc, comme dans les autres pays balkaniques, mais sous une forme plus brutale, une montée paysanne, dont les beg doivent pâtir. Tantôt ceux-ci s’appuient sur elle pour se défendre contre les ambitions voisines : ainsi Ahmed Zogou en 1924. Tantôt, devenus assez forts, ils cherchent contre le mouvement rural l’appui de ces mêmes voisins. Ainsi en 1926 Ahmed Zogou tente, grâce au protectorat italien, de s'asseoir plus solidement sur son fauteuil présidentiel. Le traité de Tirana du 27 novembre est donc autant une opération de politique intérieure albanaise qu’un coup de maître de la politique étrangère de l’Italie. II. — Le développement de la politique tiranienne. La succession autrichienne. — L’Italie fasciste remplace l’Autriche des Habsbourg. L’Albanie d’aujourd’hui est la Bosnie d’alors. Et il n’est jusqu’au ton des journaux italiens vis-à-vis de la France, qui ne remémore l’attitude de la presse viennoise à l’égard de la Russie. La note du 17 mars 1927 que le gouvernement de Rome adresse à Paris et à Londres, dénonçant de soi-disant concentrations des troupes iougoslaves à la frontière albanaise, est calquée sur les notes de Vienne dévoilant les armements serbes et la formation de « bandes » à la frontière de Bosnie. L’article du Giornale d'Italia, jetant feu et flammes contre la « Main