90 LES BALKANS FACE A L’ITALIE bracelets, aux bijoux vrais et en toc. Des grappes de muscat énormes et poudreuses. Des fleurs, surtout des œillets champêtres. Et la traditionnelle paysanne du Centre balkanique, la tête couverte de son fichu de lin noué, le long manteau épais de bure noire ou blanche d’où émergent seulement les manches de la chemise aux broderies rouges, et, par-dessus, le tablier d’épaisse laine rutilante. Et il y a 30 degrés I Quelques jeunes filles des campagnes, la natte sur le dos, le corselet de velours serré, la jupe brodée de couleurs vives ou de métal, et, dépassant le jupon de dentelle line, toute leur dot, des napoléons, des cent couronnes-or, autour du cou. Un paysan passe, haut bonnet noir, veste rouge enfouie dans la ceinture et la culotte de laine noire bien serrée à la cheville. Mais ce sont passagères visions. Ainsi Soüa n’est pas la Bulgarie. La politique sofiote est-elle la politique bulgare? Tout est calme, en ordre. Chacun se félicite de cette tranquillité. On rappelle les jours sombres du régime Stamboliiski et la Bulgarie agrarienne accessible, dit-on, au bolchévisme. Les hommes politiques qui sont sortis de prison au coup d’État du 9 juin 23 ne regrettent ni le pronunciamento militaire ni les mains un peu fortes qui ont présidé aux élections. L’apprentissage de la liberté est chose difficile et, plus qu’ailleurs, en Orient. Bien des sons de cloche, qui ne sont point en accord. Il y a bien une opposition tolérée, 10 « démocrates », 10 « social démocrates » et une cinquantaine d’agrariens. Le gouvernement dispose de 180 voix au Sobrcinié. « J’en aurais bien autant si j’étais au pouvoir, » me disait M. Malinof, indulgent, par profession, à ce mode de « démocratie ». Il y a bien, derrière, le