42 LES BALKANS FACE A L’ITAI.IE des Ambassadeurs du 9 novembre 1921, laissera l’Italie particulièrement intéressée au maintien de l’ordre en Albanie, considérer ce pays comme sa sphère d’influence exclusive, sera disposée à regarder faire : le ton de certains journaux anglais l’encourage, comme jadis leur apparente indifférence ouvrait les voies belliqueuses à l’Autriche et à l’Allemagne. La presse italienne, unanimement officieuse, revendique pour l’Italie surpeuplée le droit de s’étendre au delà de l’Adriatique, dans l’Albanie dépeuplée : 1 million d’hommes à peine. Jamais les « Rochers » albanais ne nourriront des colons italiens en grand nombre. Mais au fond la question est autre : c’est toute la domination adriatique dont il s’agit. L’Italie n’a renoncé qu’avec peine au littoral dalmate, que Venise jadis avait badigeonné de culture italienne. Elle regarde avec une stupéfaction indignée la renaissance de la marine croate. Et elle veut agir avant que celle-ci ne soit forte, puisse défendre la patrie. La presse déclare factice l’unité iougoslave, revendique une Croatie indépendante. La vieille doctrine autrichienne : diviser afin de régner. Elle oublie un peu trop vite que seul d’An-nunzio, par le coup de force fiumain, a cimenté l’union serbe-croate-slovène, que les Sudslaves de l’Ouest se dresseraient comme un seul homme contre une offensive italienne. Ce n’est pas l’Albanie qui est en jeu, mais l’unité iougoslave. Et il n’est pas sûr que les Balkaniques ne comprennent leur intérêt véritable. L’affaire de mars 1927 : le chantage de Nettuno. — La manœuvre diplomatique italienne — à laquelle l’An-glais a prêté imprudemment les mains — s’est déve-