CONCLUSION 1-21 un journal d’Italie, « Rome a apporté à ces barbares les caresses de la civilisation ». Des caresses, certes, et c’est déjà quelque chose. Mais le badigeon romain ou vénitien, que le temps n’a pas lavé encore sur les murs, les donjons, les églises des villes slaves ou grecques de l’Adriatique, de l’Ionienne, a été terni par les principes modernes, effacé par les points du président Wilson. Les « droits historiques » n’ont plus qu’une valeur d’archives; la volonté des peuples doit faire aujourd’hui la loi. Et la menace italienne a été précisément entendue, non pourtant dans le sens où Rome voulait qu’elle le fût. Le traité de Tirana, le conflit italo-iougoslave ont créé dans les Balkans un esprit nouveau. Pour la seconde fois depuis un siècle, les nations balkaniques ont une vague conscience de la nécessité de l’U nion. Déjà le péril autrichien, surgi par l’annexion de la Bosnie en 1908, associé à un très lointain danger italien, qui se manifestait par la prise du Dodécannèse, avait créé la Ligue balkanique de 1912. Grâce à elle, l’Empire ottoman se recroquevillait autour de Constantinople et regagnait l’Asie, dont il était originaire. Grâce à elle, se construisaient l’Unité grecque, l’Unité serbe, l’Unité bulgare, voire l’Unité albanaise. Déchirée en 1913 par le schisme bulgare, fracassée encore en 1915 par l’alliance bulgaro-allemande, elle surgit des ruines des empires centraux, et les Balkaniques alliés parachèvent leur unité nationale : la Grèce termine son périple égéen ; les Serbes-Croates-Slovènes s’unissent sur les routes maîtresses Vard ir-Morava-Save; les Roumains, suivant, sur les Karpates, les chemins traditionnels de leurs pâtres, lient les collines transilvaines aux plaines vala-que et moldave.