POLITIQUE MÉDITERRANÉENNE 11 réservés jadis aux manufactures insulaires, ou sont conquis par les industries plus proches, les États-Unis, le Japon. A l’industrie britannique, qui fléchit et s’inquiète, restent l’Europe et l’Afrique seules. Mais l’Europe rétrécie — puisque la Russie manque — gémit sous le poids des dettes et du change. Mais l’Europe, un instant hors de cause par ses ruines mêmes, se reconstruit, se cherche, se lie. Les États industriels mettent fin aux guerres de tarifs, jettent les bases à Genève d’une Conférence économique, fondent à l’Occi-dent le « Cartel de l’acier ». Les représentants de la Grande-Bretagne tentent d’empêcher la Conférence et se méfient du Cartel. La diplomatie britannique — comme Canning il y a un siècle — est à la recherche de nouveaux clients, voire de mercenaires, dans la bataille économique. Il lui faut des pays exclusivement agricoles, des pays associés à sa politique dans la Méditerranée voie de passage, des pays associés à son économie dans les pays neufs de l’Afrique encore indépendante, où il n’y a guère de place libre, sauf le Rif, l’Abyssinie. Et, pour commencer, la Grande-Bretagne, dans le règlement de ses créances, donne un traitement de faveur à une débitrice, à l’Italie. La Méditerranée comptoir de vente. — Pour la flotte britannique en attente, pour l’industrie britannique en souffrance, le domaine méditerranéen est un merveilleux client. Le domaine est sûr. L’Europe finit aux Pyrénées, aux Alpes, aux Karpates. L’Afrique, l’Asie commencent aux déserts. Entre elles la Méditerranée offre ses découpures montagneuses, ses rades abritées, ses marchés urbains. Rivages barrés de ces murailles calcaires,