88 LES BALKANS FACE A L’ITALIE si affaiblie soit-elle, c’est une de ces nouveautés de la politique bulgare, qui est évidemment un signe de la pacification des esprits. La Bulgarie est au travail. Après bien des années d’hésitation, grâce au concours de la S. D. N., elle a accueilli les « réfugiés », les émigrés bulgares du dehors. Les traités ne peuvent établir des frontières linguistiques parfaites; mais des conventions d’échange de populations obvient aux imperfections, rayent les difficultés présentes, préviennent les misères futures. Ainsi la Grèce a hellénisé pacifiquement la Macédoine méridionale. Depuis un an, grâce à l’emprunt favorisé par Genève, grâce à l’œuvre d’un Français, M. Charron, Commissaire de la Société des Nations, la Bulgarie a accueilli 600.000 Bulgares, minorités de Dobrodgea, de Thrace, de Macédoine, qui rallient le gros de leurs compatriotes, 5 millions en Bulgarie même. On a distribué des terres, des semences, du cheptel; on a asséché des marais, construit des routes, bâti des villages. Et cette vieille démocratie rurale retrouve ainsi forces nouvelles- La Bulgarie est au travail, et elle veut travailler en paix. C’est encore un heureux symptôme, cette sagesse avec laquelle le ministère Liaptchef accueillit les tentatives de la diplomatie mussolinienne. Il n’a pas voulu profiter des embarras de ses voisins. Pendant toute la crise italo-iougoslave, « la politique officielle bulgare fut des plus dignes ». C’est un journal de Belgrade, la Samouprava du 27 mai, qui lui rend ce témoignage, et nous conclurons avec lui : « Nous considérons qu’il existe de nombreux et importants intérêts, qui dirigent les deux pays vers la collaboration et les bons rapports.