CONCLUSION 123 balkaniques, elle est traversée de sentes de bergers, de pistes caravanières, de chemins de toutes sortes, par où passent les troupeaux et les villages, changeant de patrie selon les saisons, par où ont passé les migrations des peuples, par où s’est fait le brassage des populations d’autrefois. D’où les complexités ethniques de la péninsule entière, les mélanges linguistiques des grandes régions de carrefours. Anthropologiquement, un Roumain, un Iougo-slave, un Grec, un Albanais de la Montagne sont du même type, et les habitants de toutes les plaines se ressemblent encore entre eux : voyez les admirables enquêtes menées parmi les peuples balkaniques par le professeur Pittard, le célèbre ethnologue de Genève. Les différences religieuses ne comptent plus aujourd’hui que, contre le Musulman dominateur, les libertés ont été conquises : témoin l’unité iougoslave solide entre les Slovènes et Croates catholiques, les Serbes orthodoxes, les Serbes musulmans de Bosnie; témoin encore l’unité albanaise. La civilisation, essentiellement rurale, et d’un bout à l’autre de la péninsule la même. Vieille civilisation agricole et pastorale, familiale encore dans son industrie, d’un artisanat élémentaire, où la culture facile et étroite ne ressemble évidemment pas, sur le minuscule champ balkanique, aux vastes emblaves de l’Occi-dent. Partout le paysan, économiquement parlant, compte seul. Les anciens partis urbains sont désormais en déconfiture. En Roumanie ils résistent encore avec la dynastie bratianienne. Pour combien de temps? On ne saurait dire. En Iougoslavie les vieux chefs sont abandonnés