LES CRISES INTERNES 87 ces époques héroïques, les matraques et les gendarmes jouaient dans les comices un rôle plus sûr que les bulletins. C’est un trait assez curieux des mœurs locales que le paysan bulgare, sobre, instruit, travailleur, ait supporté si longtemps la domination de cliques gouvernementales, de ces clans passant tour à tour de la prison au pouvoir et du ministère à la prison. Des étiquettes occidentales couvraient l’ombre des partis. Durant des années, après les guerres successives, les défaites successives, la Bulgarie ne trouvait ni le repos moral ni le calme matériel. Tour à tour dominèrent, par réaction contre la cautèle impérialiste des Cobourg, la volonté pacifique et renonciatrice des « Paysans », la tyrannie villageoise de Stamboliiski, puis l’idée de revanche de la Ligue militaire et la tyrannie macédonienne des « Messieurs » de la bourgeoisie. Maintenant, semble-t-il, sous l’égide sensée du ministère Liaptchef, la Bulgarie s’oriente vers une tranquillité occidentale. Et, si tout n’est pas encore pour le mi^ux dans le meilleur des mondes, de rassurants symptômes illuminent la « Montagne noire », le Balkan de Bulgarie- Aux élections du 29 mai, l'Entente démocratique, soit le parti gouvernemental, a obtenu 170 sièges sur 273 au Sobranié; pour la première fois depuis bien longtemps, la Chambre précédente était morte de sa mort légale, n’avait pas été dissoute. Le plus remarquable résultat est le progrès de l’opposition : 53 « paysans » (agrariens) au lieu de 24, plus une poussière de partis, 37 élus à étiquettes diverses, résidus des vieilles compétitions de jadis, qui n’ont pas su ni voulu s’unir. Et sans doute on ne peut guère certifier la parfaite sincérité du scrutin; mais que l’opposition ait pu faire entendre sa voix,