— 305 — idées, leur tactique, leur opportunisme et leur penchant aux compromissions indignes avec la réaction, perdirent tout leur prestige auprès du peuple, engagèrent la lutte avec un rare désintéressement, bien que persuadés qu’ils travaillaient pour les socialistes tchèques. Enfin le prolétariat a pris l’initiative dans le mouvement et est resté à la tête jusqu’à la réalisation du projet. La réforme est presque exclusivement son œuvre. Après de longues luttes, le projet fut voté et promulgué comme loi, le 27 janvier 1907. Les longues négociations portèrent surtout sur le nombre des députés de chaque nationalité. L’entente fut difficile, les Allemands étant trop exigeants ; mais enlin elle se fit. Les pays sont divisés en circonscriptions. Les Allemands obtiennent 233 mandats, les Tchèques 107, les Polonais 82, les Ruthènes 33, les Slovènes 24, les Serbes et Croates 13, les Italiens 19, les Roumains S. Les Allemands sont de nouveau favorisés contre les Tchèques, les Polonais à l’égard des Ruthènes, les Italiens à l’égard des Slaves et Croates. Proportionnellement, un député est élu par 40.400 Italiens, 41.100 Allemands, 40.200 Roumains, 52.000 Slovènes, 54.000 Polonais, 54.700 Serbes et Croates, 57.300 Tchèques et 103.000 Ruthènes. On est donc très loin de l’égalité et du véritable suffrage universel. Néanmoins les Slaves obtenaient enfin la majorité sur les Allemands en Autriche. Le premier effet du suffrage universel fut qu’il donna, dans les élections de mai 1907, 87 mandats aux socialistes. C’était un bon signe : les élections s’étaient donc faites non Benès 20