— 140 — trouvaient rapprochés du ministère par la haine commune du radicalisme allemand ; les Polonais oscillaient, portés par le sentiment national vers les Tchèques, par sympathie politique vers les Allemands. Quelques députés modérés qui siégeaient au centre, Allemands non radicaux, Autrichiens avant tout, conservateurs honteux s'offraient à soutenir de leur vote le ministère quel qu’il fût (1). C’est dans ce milieu que devait se faire l’œuvre de la réorganisation de l’Autriche. Cette Assemblée constituante, tant qu’elie siégeait à Vienne ne pouvait s’occuper de la première question grave de son programme politique, de la Constitution. On ne fit que commencer à discuter la question des droits fondamentaux et les droits féodaux furent abolis. Mais lorsque la ville de Vienne fut de plus en plus troublée parles événements révolutionnaires et que l’armée sortit dans les rues, pour étouffer ces troubles, lorsque les délibérations furent trop manilestement influencées par ces troubles et perdirent leur liberté et sécurité, une patente du 22 octobre 1848 transféra l’Assemblée de Vienne dans une petite ville de Moravie, Kremsier, où elle était à l’abri de toute incertitude et où elle pouvait délibérer à son gré. Là elle se consacra à sa tâche et prépara le projet de la Constitution dans lequel, après de longues négociations et des luttes passionnées, les représentants des divers peuples de la Cisleithanie avaient pu réussir plus ou moins bien à mettre relativement en harmonie les intérêts divergents de leurs pays. La Hongrie n’était pas représentée à Kremsier et ce projet ne saurait être par consé- (1) L. Eisenmann, 0. c., p. 113.