— 269 — principe, mais il est ridicule de le poser comme une condition sine qua non de la vie politique. Dans les luttes politiques il n’y a jamais que ceux qui ont le sens de la réalité et du possible qui triomphent. La politique du droit d’Etat était donc fatalement vouée à l’échec. Nous avons déjà montré combien il était absurde de vouloir établir un Etat contre la volonté et en dépit de toutes les protestations d’un tiers de la population. Les Allemands de Bohême n’accepteraient pas la situation subordonnée, quelque sincères que fussent les garanties que les Tchèques leur offraient contre l’oppression et l’injustice de leur part. Le droit d’Etat qui passa au premier plan en 1867 n’était qu’une devise, dans laquelle se cachaient les plus hautes espérances, « un de ces mots cabalistiques qui s’imposent aux masses avec une irrésistible puissance », mais ce n’était qu’un mot. Ceux mêmes qui l’invoquaient, crurent nécessaire de le maintenir en théorie et d’ajourner son exécution à une époque indéterminée. En 1871, les nobles qui dressèrent les premiers le drapeau du droit d'Etat n’avaient pas osé préciser leur but et les articles fondamentaux, élaborés par les partisans fervents de ce droit, ne contenaient presque rien de ce principe. Les articles étaient conçus plutôt dans le sens fédéraliste. Et encore ce projet, où le droit d’Etat avait une place si restreinte, tomba-t-il devant les hostilités et la fureur de tous les ennemis des Slaves à l’intérieur et au dehors. Un politicien avisé qui sait se rendre compte de la véritable situation et sait apprécier toutes les forces favorables et hostiles à ses plans, devait se décider à abandonner ce programme du tout ou rien. Après de longues luttes, les Tchèques ont enfin compris cette nécessité.