— 159 — des ministres qui gouvernent était un scandale, l’abolition de la noblesse avait provoqué la colère de l’aristocratie, la conduite du Parlement à l’égard de l’Eglise celle du parti clérical, tout-puissant. Tout ce qui était réactionnaire en Autriche se coalisa contre ce projet d’une Constitution libérale et contre l'Assemblée constituante elle-même. Avant l’adoption du projet, elle fut dispersée par l’armée le 7 avril 1849 ; et d’un seul coup les espérances des Tchèques, des Slaves, des Allemands radicaux et de tous les amis de la liberté se trouvèrent étouffées dans l’absolutisme du gouvernement. Tout ce qui suivit a peu d’intérêt pour nous. C’est une période de contre-révolution d’un absolutisme et centralisme effrénés. Toute la révolution, si féconde en idées nouvelles et si grosse des conséquences pour les nationalités slaves ainsi que pour les principes de la liberté, devait être submergée d’un seul coup. Personne n’a pu prendre au sérieux le constitutionnalisme proclamé par le nouvel empereur François-Joseph dans le manifeste du 4 mars 1849. La Constitution qui y était annoncée n’a jamais été appliquée et trois ans plus tard elle fut abrogée. Non seulement les nouveaux principes de la souveraineté du Parlement et du peuple conquis depuis deux ans par la »évolution étaient réduits à néant, la nouvelle Constitution était octroyée et le manifeste dissolvant la Constituante un acte arbitraire, mais encore tout ce que les diverses nationalités austro-hongroises avaient pu acquérir jusque-là était d’un seul trait annihilé. Les espérances fédéralistes tombent en ruine. Par le nouveau projet constitutionnel contenu dans le manifeste la centralisa-