— 258 — saluer avec joie cette conversion. Les nobles tchèques imitent les Magyars, ils invoquent pour la Bohême les mêmes droits qu’à la Hongrie, ils voient l’impossibilité d’un empire fe'déral et exigent donc pour Ja Bohême ce que les Magyars ont reçu pour la Hongrie : au lieu de dualisme, ils veulent le trialisme. Et ainsi ils collaborent considérablement à l’élaboration du nouveau programme politique et à l’abandon de l’ancien programme fédéraliste du peuple tchèque. Palatsky et Rieger, qui exagèrent beaucoup trop l’influence de la noblesse et ne connaissent pas assez les plans du Gouvernement et la politique extérieure de la dynastie, livrent la nation à la noblesse. Méfiant tout d’abord à son égard, ils ont maintenant en elle trop de confiance après l’échec de leur programme fédéraliste. La nation alliée ainsi à la noblesse s’approprie la tactique des nobles et aussi leur politique conservatrice contre les Allemands libéraux et centralistes. Elle les suit dans leur tactique de la résistance passive, inaugurée à l’exemple des Magyars, jusqu’en 1879 où la résistance est brisée et où les Tchèques s’avouent vaincus. En face du dualisme, les Tchèques dressent donc le programme du trialisme, du droit historique de la Bohême. La noblesse y poursuit son propre but, les privilèges de classe ; les Tchèques au contraire, dont le but politique est au tond tout autre que celui de la noblesse, espèrent conquérir à l’aide des nobles la même place qu'a la Hongrie. Telle est la situation politique en Bohême, amenée en 1867 par la conclusion du Compromis austro-hongrois. Telle est aussi le programme politique définitif, que les Tchèques ont conservé jusqu’à l’époque actuelle. Le programme trialiste fut formulé déjà au lendemain de la