— 142 — L’indépendance complète, telle que les Magyars tâchaient de la conquérir en 1848, était pour Palatsky un rêve séduisant, mais dangereux, dont la réalisation était peu désirable. C’est du reste encore aujourd’hui l’opinion presque généralement acceptée en Bohême. En 4848, Havlitchek, lui aussi, exprima son opinion sur l'aveuir de la Bohème et se montra assez pessimiste au point de vue des désirs d’indépendance : « L’indépendance complète, disait-il, ne serait pour nous, Tchèques, à l'époque actuelle où se forment en Europe exclusivement des empires immenses, qu’un grand malheur; nous ne saurions être qu’un Etat très faible, dépendant des autres Etats, et notre nationalité se trouverait toujours en péril. Mais dans une union étroite avec les autres Slaves en Autriche nous pouvons jouir dans la couronne de Bohême d’une indépendance assez grande et en même temps des avantages considérables d’un Etat puissant. Pour nous il ne reste qu’à nous efforcer franchement et cordialement à fonder et maintenir l’empire autrichien » (1). A l’exception de quelques radicaux, c’était l’opinion de tous les politiciens prudents. Tel est dans ses traits généraux aussi le programme des politiciens tchèques contemporains, car en fait la situution et les rapports de la Bohème et de l’Autriche se sont peu modifiés depuis 1848. C’est de là que vieut tout le programme fédéraliste des Tchèques en 1848 et dans les temps postérieurs, c’est là aussi ce qui explique toute la conduite de la nation tchèque dans les luttes politiques pendant le demi-siècle dernier. C’est pour (1) T. G. Massaryk, Charles Havlitchek.