— 88 — tional et social, l’existence nationale a toujours été menacée et le progrès du développement national a été très lent. Du reste, c’est un fait assez général et très naturel. On peut le constater aujourd’hui, lorsqu’on voit clairement le chemin parcouru par les diverses nations slaves et lorsqu'on peut se rendre exactement compte des progrès faits. Les Tchèques favorisés par les qualités naturelles de leur pays, qui était destiné à devenir bientôt le trésor industriel de la monarchie, quoiqu'ils eussent à surmonter les obstacles les plus difficiles, se sont lancés dans le mouvement industriel avec une activité infatigable, et ainsi, aidés par l’évolution capitaliste, ils ont réussi dans un temps relativement très court à s’assurer non seulement l'existence nationale, mais à se créer encore une civilisation toute nouvelle sur les bases de leurs traditions historiques. Les autres nations par suite de la lente évolution capitaliste dans leurs régions et de leur caractère plutôt paysan, sont restées encore aujourd’hui assez en arrière dans cette lutte pour leur existence. Cela se manifeste particulièrement pour les Ruthènes en Galicie, dont 93,3 0/0 de la population est agricole, mais aussi pour ¡es Serbo-Croites, dont 86,9 0/0 sont paysans et pour les Slovènes en Styrie, en Carinthie et en Carniole dont 75,4 0/o appartiennent à la population paysane, tandis que la population tchèque s’occupant de travaux agricoles ne s’élève qu’à 43,1 0/0. Et si nous comparons ces chiffres au développement intellectuel de ces trois peuples et par cela au développement de leur conscience nationale, on sera frappé par le rapport étroit entre ces deux faits (1). ()) Otto Bauer, Die ralionalitactenfrage und die Sozialdemocralie. \