— 281 — politique tchèque. Mais ils se rendirent compte que des difficultés énormes s’opposent à la réalisation de ce rêve, que les Allemands de Bohême et de toute l’Auti^fc sont un obstacle insurmontable, qu’en Autriche il n'y a pas de véritable force qui désire l’établissement de l’Etat tchèque, et que tout s’oppose plutôt à la réalisation de ce plan. Les Tchèques sont les seuls qui y auraient du profit, ils sont donc isolés et leur propre force n’y suffit pas. Les Jeunes Tchèques l’ont constaté et veulent conformer leur politique nationale à cette expérience. Ils deviennent opportunistes à leur tour. Ils voient que la question tchèque ne peut s’approcher de sa solution que si on s’efforce de résoudre à la fois tout le problème autrichien, c’est-à-dire par une révision constitutionnelle, basée sur un seul et même principe applicable pour toute l’Autriche. Une telle révision ne peut être que fédéraliste. C’est dans ce sens que les Jeunes Tchèques ont orienté leur politique nationale dans les dernières années. C’est donc un certain changement assez important, qui n’en est pas moins équivoque : en théorie ils sont radicaux nationalistes et invoquent le droit d'Etat, en réalité ils sont fédéralistes. C’est du reste la même indécision qui se manifeste dans toute l’histoire politique tchèque. Pendant de longues années les Tchèques étaient ballottés entre le programme du droit historique et le programme fédéraliste, entre le droit historique et le droit naturel. Et lorsque enfin ils s’étaient résolus d’adopter franchement le fédéralisme, l’indécision apparut de nouveau : faut-il donner prépondérance au droit historique ou au droit naturel, c’est-à-dire faut-il faire de l’Autriche fédération des provinces ou fédération des nations ? C est donc toujours la même