— 86 — faire appel aux trois moyens que l’on trouve toujours en Autriche lie's étroitement l’un à l’autre : l’absolutisme, îa centralisation et la germanisation. L’échec de ses efforts élait nécessaire et logique, car c’était ne rien comprendre de ce mouvement européen que de vouloir en tirer des raisons pour former un Etat centraliste, absolutiste, comme l’a conçu Joseph II. Partant des idées préconçues sur l’extinction définitive de toutes les nationalités autrichiennes non-allemandes et ne voyant vers 1780 aucune trace d’une vie politique nationale quelconque chez tous ces peuples, il s’imagina qu’il fallait, pour le bien-être même de toute sa monarchie, pour le bonheur de ces peuples même, leur donner le coup de grâce définitif. Et il commença à germaniser les derniers restes des Tchèques, des Polonais, des Slaves du Sud. Cette germanisation qui ne renfermait au commencement aucune mauvaise intention et poursuivait, non pas un but national allemand, mais exclusivement un but politique, fut un nouvel élément pour la régénération des peuples slaves, tout d’abord, et notamment des Tchèques. Cette action gouvernementale a provoqué chez tous les peuples slaves, soutenus depuis quelques années par le mouvement général des idées révolutionnaires et humanitaires en Europe, une réaction qui devait naturellement aboutir à la résurrection du sentiment national. La germanisation précipitée et brutale de Joseph II a donc compromis toute la germanisation antérieure en Autriche. Certes, dans ce procès de la renaissance elle n’est qu’un fait d’une importance secondaire, car d’autres causes plus puissantes auraient nécessairement provoqué le réveil ; néanmoins, Joseph II a préparé le