— 239 - Joseph II et sous Bach, la bureaucratie était l’Etat, c’est eux maintenant qui se croient l^Ftat. C’est cette erreur aussi qui a rendu l’opposition entre les Allemands et les autres nationalités si violente, d’autant plus violente que, des deux côtés, on ne se comprenait pas. Les Slaves tenaient les Allemands pour les oppresseurs volontaires et conscients, et les Allemands s’étonnaient et s’irritaient de se voir ainsi ¡méconnus. Ils exerçaient cependant une tyrannie et, comme le leur disait un de leurs plus claivoyants, la pire de toutes, celle dont les tyrans n’ont pas conscience et qui est d’autant plus iusupportable aux victimes. C’est ainsi seulement que l'on peut s’expliquer comment l’irritation des nationalités étonne grandement les Allemands d’Autriche et l’étounement des Allemands étonne grandement les nationalités ; comment les Allemands ne peuvent pas comprendre qu'on déclare la liberté insupportable, ni les nationalités qu’on décore l’insupportable du nom de liberté (I). Eu d’autres termes, c’est simplement le principe centi aliste que les Allemands proclament comme l’unique principe de l’organisation autrichienne. Et comme les Slaves autrichiens partent du principe tout opposé, du principe lédéraliste, on peut facilement s’expliquer pourquoi ces deux races ne peuvent se comprendre et pourquoi les uns crient à l’oppression, et les autres reprochent à leurs adversaires leur peu de loyauté. Les Allemands veulent que les Slaves sacrifient à l’intérêt de l’Etat tout ce que ceux-ci regardent comme leurs droits primordiaux et sacrés. Ils veulent que les Slaves acceptent tous les privilèges (1) Z. Eisenmann, 0. c., p. 514.