— 98 — souffraient de voir l’incohérence et la division qui régnaient en Allemagne, ce qui favorisait l’absolutisme des gouvernements dans les divers Etats allemands. Leur rêve était d’unir dans la Grande-Allemagne libre tous les pays habités par les Allemands de la Baltique jusqu’à l’Adriatique. Les libéraux allemands étaient disposés à donner à cette nouvelle Allemagne la forme d’un Etat monarchique, les radicaux voulaient plutôt la république. Du reste, sur les détails on n’était pas d’accord. Le mouvement prit bientôt des proportions considérables et pénétra principalement à Vienne et dans toute l’Autriche où l’absolutisme était le plus rigoureux et où, par conséquent, les libéraux révolutionnaires étaient très disposés à accepter contre lui un appui du dehors. Tout d’abord un Vorparlament fut convoqué à Francfort ; il avait la tâche de préparer la convocation du nouveau Parlement constituant, qui aurait des pouvoirs supérieurs à ceux des gouvernements des divers pays et qui donnerait la Constitution à la nouvelle Allemagne. Le Vorparlament avant de se séparer choisit une commission de cinquante membres, qui exerça dans la suite une grande influence sur toute l’Allemagne et aussi sur les événements en Autriche. On ne sera nullement étonné de l’extension de cette idée pangermanique en quelques semaines de propagande, si on songe au véritable état de l’Allemagne et de l’Europe tout entière à cette époque. En vérité, depuis la chute de Napoléon les idées basées sur le même principe du droit des nationalités ne cessent pas de préoccuper l’opinion publique ; les idées sur les Etats nationaux homogènes qui sont le fond même de la renaissance des Slaves en