— 154 — leur appui, des avantages plus étendus et surtout plus durables et plus réels (1). Mais en réalité on ne peut pas s’étonner de l’attitude des Slaves. Ceux-ci, dans ces heures si troublées et si décisives, où les peuples tout entiers, et non seulemeut quelques chefs, sont poussés plus parleurs instincts que parles raisonnements et calculs politiques réfléchis à prendre place dans la lutte, pou-vaient-ils hésiter un seul moment à choisir entre la droite et le ministère, qui voulait sauver l’Autriche, dont l’existence avait une si grande valeur pour tous les Slaves sans exception,e entre la gauche allemande radicale qui, ayant pris le chemin de Francfort, voulait amener la dislocation de la monarchie, indispensable aux Slaves? 11 est vrai que tout cela a facilité le retour à l’absolutisme et le coup d’Etatde Kremsier, mais la réaction aurait triomphé dans tous les cas comme cela s’est passé dans tout le reste de l’Europe ; et du point de vue national les Slaves ne pouvaient pas faire autrement. La prédominance du parti fédéraliste au Parlement pouvait être favorable aux Slaves et cette prédominance pouvait se manifester dans la nouvelle Constitution adoptée. Cependant la commission de la Constitution était allemande et centraliste parce que chacune des provinces de la monarchie élisait trois membres, de sorte que les petits pays allemands qui étaient plus nombreux avaient l'avantage contre les pays slaves. Ce fait forçait les Tchèques et les autres Slaves à la prudence au point de vue des revendications nationales. A cela venait s’ajouter (1) E. Denis, 0. c., II, p. 334.