* L’Autriche justifiait habilement sa politique intérieure secrète en la présentant comme une conséquence necéssaire de sa politique extérieure d’alliance avec l’Italie (Triple Alliance). Cette politique favorable de 1’ Autriche envers les partisans de l’Italie, s’ est devoilée sans artifices au cours de la guerre mondiale. Lors de la mobilisation, les Croates et Serbes seuls furent arrêtés, rélégués, internés, et maltraités tandis que les Italiens ne furent pas inquiétés. Bien au contraire, les plus ardents et les plus braillards de leurs partisans formèrent à Zadar une troupe de volontaires, à laquelle fut incorporée, la société de tir »Bersaglieri« en qualité d’unité«, la plus patriotique. Cette troupe devait défendre la ville contre les éléments anti-patriotiques croato-serbes. Et pendant que la jeunesse italienne s’embusquait dans cette troupe de volontaires, et recevait des autorités militaires, de 1’ argent, avec la mission de garder les puits de Zadar, afin que 1’ »armée serbe« ne puisse les empoisonner, toute l’intelligence serbo-croate, qui ne se trouvait pas sous les verrous, fut appelée sous les drapeaux et envoyée en 1-ère ligne. Cete troupe de volontaires ne fut même pas démobilisée quand l’Italie eût déclaré la guerre à l’Autriche. On se contenta, obéissant à je ne sais quel scrupule, de la faire partir de Zadar, et de disperser les volontaires sur le littoral dalmate avec mission de défendre la Dalmatie contre leurs propres frères italiens. Voilà comment on les envoya »au front«. Cette mesure inique fut suivie immédiatement d’une autre. L’unique municipalité italianisante de Zadar fut dissoute après une longue lutte entre les pouvoirs militaires et civiles qui se contentèrent de placer à la tête de la commune un de leurs fonctionnaires politiques muni du mot d’ordre : »Ne rien changer au viel état de choses.« Voici un exemple des pérsécutions autrichiennes: on interna à Zadar, comme »douteux et dangereux« deux professeurs du lycée classique de Zadar, Brunelli et DomiakuSic, qui devaient remplir le »pénible devoir« de venir tous les jours à 12 h. se présenter au chef de la police d’état. Ce sont là toutes les réprésailles autrichiennes exercées contre les Italianisants de Dalmatie, au moment même où l’Autriche était en guerre contre l’Italie. Et dire qu’ il y a encore des gens sérieux pour croire aux pérsécutions de la part du gouvernement autrichien contre les partisans de l’Italie. Les faits que je vais citer nous montrent par quels moyens 1' Autriche s’ efforça de conserver aux Italianisants leur dernier retranchement politique: la commune de Zadar. Jusqu’ à la guerre, le système éléctoral de 1864 resta en vigueur dans les communes dalmates, en subissant au fur et à mesure des besoins quelques légères modifications d’ordre technique. Dans ce système éléctoral, la représentation de la commune se composait de trois corps éléctoraux élus d’après le système censitaire. Plus exactement les contribuables étaient répartis en trois catégories d’après le chiffre de l’impôt direct ou fondamental, qu’ils payaient. La première catégorie ou premier corps éléctoral comprenait les contribuables qui payaient de gros impôts (le l/3 des impôts d’état répartis sur toute la commune en question) ; le deuxième 34