agitation le résultat obtenu fut désastreux. Au total, comme nous 1’ indique cette statistique, 4335 personnes optèrent pour l’Italie, dont 709 ont déjà émigré. Il reste encore aujourd’ hui sur notre littoral 3.626 optants italiens. Ces optants sont, les uns les descendants des vieux autonomistes, les autres sont ceux qui poussés par des intérêts divers, ou leurrés par des promesses italiennes, ont choisi la nationalité italienne. Leur nombre très restreint, montre le plus clairement l'erreur commise par les écrivains italiens qui prenaient pour des Italiens ceux qui, d'après la statistique autrichienne, parlaient la langue italienne. Ce nombre d’ailleurs va en diminuant sensiblement. En effet beaucoup d'optants commencent à se rendre compte de la vanité des promesses italiennes, et la vie leur devenant difficile dans un pays autrefois dédaigné, ils émigrent ou demandent à opter à nouveau pour la Yougoslavie. Les »regnicoli« sont ceux qui sont venus d’Italie depuis peu, qui sont nés là-bas et qui travaillent chez nous, ou bien ceux dont les parents et grands parents sont nés en Italie, et dont toute la famille a conservé la nationalité italienne. Un petit nombre de ces familles de regnicoli descend de 1’ ancienne Venise, la majeure partie est composée d’immigrants de la deuxième moitié du XlX-ème siècle; et le plus grand nombre est venu s’installer chez nous après la guerre: ouvriers travaillant dans les entreprises italiennes, petits industriels et commerçants. Ils sont au nombre de 1374 sur notre littoral. Ils déménagent facilement et vont là où ils peuvent gagner leur vie, tandis que les optants, sauf les employés privés, changent moins de résidence; en effet ils sont nés sur ce littoral, là sont leurs biens et le berceau de leur famille. Les émigrants viennent pour la plupart de l’Istrie, ils sont Croates et Slovènes de coeur et de naissance, mais ils n’ ont pu renoncer à la liberté, et chassés de leur pays natal par les autorités italiennes ils sont venus chercher asile chez nous. Ce sont pour la plupart des fonctionnaires ou des employés privés. Ils ne peuvent, ou ne veulent rentrer en Italie, et beaucoup ne sont pas encore naturalisés Yougoslaves; on en trouve surtout à Suîak (de 300 à 400). Il est difficile de fixer leur nombre car leur position sociale est instable, et avec le temps ils obtiennent la nationalité yougoslave. Certains écrivains italiens comptent parmi les Italiens, en dehors des autochtones et de leurs compatriotes instables (regnicoli), ceux des nôtres qui »connaissent« la langue italienne; qu’ importe qu' ils soient slaves par le sang et par la langue qu’ ils parlent. Ils affirment que, Italiens de coeur, ils sont devenus Yougoslaves par la force des choses. Cette assertion est sans fondement. Il y a en effet beaucoup de Yougoslaves qui parlent et écrivent 1’ italien, mais ils ne se sentent pas Italiens pour celà. Bien plus, ces gens — là sont des patriotes yougoslaves, et beaucoup d’entre eux ont bien mérité de la patrie. Parmi les Yougoslaves instruits, qui parlent 1’ italien, on n’ en trouverait pas un seul qui permît qu' on le comptât parmi les Italiens. L’ »italianomanie« sur notre littoral n’ a rien de comm. j avec le sentiment national. C'est un vestige du passé qui disparaît peu à peu de lui même sans qu'aucune intervention consciente vienne hâter cette évolution naturelle. Rien d'étonnant à ce qu’ il y ait encore sur notre littoral des gens parlant italien, si 1’ on songe que la Dal-matie fut pendant des siècles sous la domination italienne, et qu’après la chute de