lui fit sur le champ une magnifique réponse, dans laquelle il démontrait, à 1' aide de preuves historiques et statistiques que cette fusion devait se faire au plus tôt, dans l’intérêt même de la monarchie. Ce fut l’étincelle d’où jaillit l’incendie, et qui provoqua les innombrables débats et polémiques menés dans les journaux, dans les meetings populaires, dans le parlement provincial de Za-dar, et dans le parlement de Vienne. Le parti italien, ou parti conservateur, qui avait à sa tête le comte Borelli, Bajamonti, Lapenna, Tommaseo, Duplancic et Radman, se fit le défenseur de cette idée: La Dalmatie est une terre qui abonde en vestiges de la civilisation romaine, dont la langue officielle est l’italien, et par là, elle diffère sensiblement de la Croatie. Il est donc juste qu’ elle jouisse de 1’ autonomie politique, avec l’italien, comme langue dominante, dans les mairies, les écoles, les bureaux, et les églises. D’ après leur idéal politique, ils reçurent le nom d’ »autonomistes« et plus tard d’»Italianisants«, du fait qu’ils souhaitaient la prépondérance de la langue italienne. En Italie, beaucoup d’écrivains supposent à tort, que les autonomistes étaient des Italiens. Non seulement, tous n’ étaient pas Italiens, mais bien plus, tous ne parlaient même pas l’italien. Les Autonomistes représentaient un parti conservateur semblable aux partis conservateurs des autres provinces de 1’ Autriche. Ceci ressort des déclarations de Bajamanti, qui dans son discours du 5 avril 1863, tenu devant le Parlement provincial de Zadar, s’était écrié: »Slavi domani, Croati giam-mai!« Demain Slaves, Croates jamais! N. Tommaseo, le plus grand champion de 1’ idée autonomiste aimait sincèrement la Dalmatie et la langue slave. Dans des brochures nombreuses, il défend sa politique d’indépendance et rejette toute idée de subordination à l’Italie ou à la Croatie. Tommaseo lui-même dit: »Vous sentirez mieux l’esprit italien quand vous serez de vrais Slaves.«29) Jean Milcetic qui a étudié attentivement l’oeuvre de N. Tommaseo et qui a écrit la préface de »Iskrice«30) dit de lui: »Si, actuellement, il ne peut conseiller encore l’union avec la Croatie, il déclare pourtant ouvertement que la Dalmatie ne peut être à l’heure actuelle une pièce rapportée à l’Italie.« L’ organe du parti autonomiste »II Dalmata« s’ exprime d’une façon identique dans son premier numéro du 10-11-1866. En tête du journal parut le programme dont nous traduisons littéralement ce qui suit: »Fils de la race slave, nous le sommes aussi de coeur et de sentiments, et nous proclamons que des liens de parenté légitime nous unissent à nos compatriotes slaves. Il y en a 60 millions, et s’ils ne se nomment pas Dalmates, ils sont cependant nos frères, tous les fils d’une même mére. Fiers de la puissante ramure de notre souche séculaire, nous sommes les premiers à affirmer que 1’ arbre généalogique de notre peuple, pousse ses racines non seulement des rivages de l’Adriatique au pied du Velebit, mais encore les enfonce au delà des montagnes qui enceignent la Dalmatie, en les prolongeant bien loin vers le nord et 1’ orient. Nous répétons que nul n’a plus que nous le coeur plein du sentiment de sa nationalité et, si le bien de la patrie ne s’oppose à notre union avec les Croates, nous serons les premiers à la demander«. ») Iskrica XXIV. 30) Edition M. H. Zagreb 1888. 37