majorité constitutionelle détenait les pouvoirs régionaux (comité régional) en Dal-matie, et à Vienne collaborait avec la majorité parlementaire dans le club Hohenwart. Les échos de ces luttes se retrouvent dans les numéros du journal »11 Na-zionale« — (Narodni list de 1862 — à 1915). Le résumé en a paru dans le numéro jubilaire du »Narodni list« (Zadar 1912). Le journal Narodni List fut confisqué, les chefs nationalistes furent plusieurs fois sifflés, frappés, emprisonnés, expulsés de 1’ assemblée mais iis n’ en continuèrent pas moins de lutter pour leur idéal, sans trêve, jusqu' à la victoire. Le seul gouverneur de province qui au cours de cette lutte se montra favorable aux Croates, fut Filipovic. Il fut gouverneur pendant un temps très court, après la victoire navale près de Vis en 1886. Mais en dépit des chicaneries autrichiennes les nationalistes de par le droit de la majorité, et la force même de leur programme national devaient remporter la victoire éléctorale. Au cours de cette lutte de cinquante années, l’idée de renaissance nationale réussit à pénétrer parmi la population dalmate et à y réveiller la conscience nationale, qui naît et se fortifie chez un peuple par l’usage de sa propre langue. Le parti italianisant conservateur dut d'année en année s’incliner devant les désirs de la majorité slave. D'autre part ses sociétés et ses journaux étaient en nombre plus réduit, l’italien moins employé; et les mairies qui dressaient des statistiques notaient beaucoup moins de gens parlant italien. L’ italien en tant que langue parlée était en décadence. Et tandis que le nombre des Slaves, au cours de ce réveil national, ne faisait qu’ augmenter, celui des autonomistes au contaire diminuait dans quelques localités, et d’une façon générale dans toute la province. Et même un petit nombre d’entre eux passa au parti slave. Dans le phénomène de symbiose le plus fort par le nombre et par la vitalité 1’ emporte sur le plus faible et finit par se 1’ assimiler complètement. Le même fait est valable pour la race déterminée par le sang et le type physique, et à plus forte raison il est valable pour la nationalité qui est la résultante de plusieurs facteurs: l’éducation, la langue, les aspirations, particularités sujettes à plus de variations que le sang et le type physique. En effet, les autonomistes vivant en contact incessant avec un nombre prédominant de Slaves, en train de se développer au point de vue économique et intellectuel, à qui des liens de parenté ou d’intérêt les unissaient, abandonnèrent leur parti pour passer aux nationalistes. Et même il arriva que dans une même famille, quelle qu’en soit l’origine, certains membres adhérèrent au parti nationaliste, et les autres au parti autonomiste, et l’on vit même parfois ces membres passer successivement de l’un à l’autre parti. Feu Antoine Supuk est la preuve vivante de cette assertion, J. Biankini écrivit de lui :M) »Celui qui fut plus tard le valeureux régénérateur de Sibenik avait été jeune homme, élévé dans 1’ esprit italien, dans des écoles autrichiennes. C est pourquoi il dirigea les démontrations contre M. Pavlinovic à Sibenik, quand celui-ci vint pour la première fois à Sibenik faire de la propagande en faveur de l’idée nationale. Mais plus tard, il prit conscience de sa nationalité, et se joignant à ceux **) J. B. La Renaissance nationale en Dalraatie. Almanach de J. S. 1927, p. 75. 40