— 115 — Poser la question c’est la résoudre et on frémit rien que d’y penser. D’ailleurs les faits sont à l’appui de cette réflexion et dépassent tout ce que l’imagination peut inventer tant furent terribles les excès commis par les Serbes sur les populations albanaises, habitant des contrées que leur propagande, à coup de faux historiques et géographiques, s’est évertuée à imposer au monde, comme un prolongement de la Stara Serbia, alors qu’en réalité elles font simplement partie de l’Albanie dont elles constituent la région nord-est. Les termes manquent pour rendre tout ce qui s’est passé. ' Il n’est pas jusqu’au mot massacre qui ne paraisse faible tant fut grande la part des raffinements et du sadisme au cours de ces horreurs. La Commission Carnegie n’a pas cru devoir pousser son enquête dans les contrées albanaises du nord et du sud. Elle avait déjà suffisamment à faire à constater les crimes gréco-serbes en Macédoine proprement dite et ce qu’elle a vu l’a remplie d’épouvante. Qu’en eût-il été et que n’eût-elle pas eu à dire si elle s’était rendue en Albanie ! On pourra trouver sommaire la documentation de ce travail relativement aux événements de la première guerre balkanique, notamment en ce qui concerne les atrocités d’Albanie, mais la faute en est aux magnats de la presse continentale qui n’ont pas permis la publication des relations qu’immanquablement leurs correspondants dans les Balkans leur ont fait parvenir. Le mot d’ordre du « petit père » et de M. Schneider était de taire tout ce qui eût pu décréditer Serbes et Grecs. Comme il s’agissait surtout d’Albanais et d’Albanie, ce mot d’ordre était scrupuleusement observé, la politique tzarienne, prédominante à l’époque, n’admettant à aucun prix qu’il pût y avoir quelque part, dans un coin des Balkans, une nationalité albanaise. Depuis longtemps, sur les instances gréco-serbes, Pétersbourg avait décrété l’anéantissement de cet antique et noble peuple. Seule la presse anglo-saxonne s’occupa quelque peu des massacres perpétrés en Albanie, mais ses relations ne sont pas complètes, car il n’a pas été permis aux correspondants anglais et américains de faire d’enquêtes approfondies sur