— 114 — mêmes. On avait ainsi à faire à des peuples congénères et même, à entendre certains « savants » serbes, à quelque chose de plus. Car depuis de longues années, en falsifiant toutes les données de la science, la propagande pan-serbe ne cessait de soutenir que les Slaves Macédoniens n'étaient rien d’autre que des Yougo-Serbes parlant la langue et ayant les us et coutumes des Serbes. Elle s’était même donné tant de peine, cette propagande, que, les sympathies politiques de l’heure aidant, elle avait réussi à induire en erreur une bonne partie de l’opinion publique civilisée. Congénères ou non, il y avait un autre fait qui aurait dû donner à réfléchir aux Serbes et influencer leur manière d’agir ; ces populations de Macédoine étaient de même religion qu’eux. Et alors sous l’empire de ces diverses considérations on est tout naturellement amené à se dire que si les Serbes ont eu une attitude à ce point inhumaine à l’égard des Macédoniens chrétiens-orthodoxes, qu’ils prétendaient être leurs frères de race, à quels excès n’ont-ils pas dû se livrer dans les contrées habitées par des populations tout à fait allogènes, professant un autre dogme chrétien — le catholicisme — ou appartenant à une religion différente — telle que l'islamisme — et parlant un idiome absolument étranger ? « La vie des individus a été vraiment à vil prix pendant ces mois » de guerre et la propriété privée n’en a eu aucun. Le vol était devena » aussi commun que le viol... » Et ailleurs la même Commission constate : « ... Souvent nous apprenons que des biens qu’on a pris ainsi sont » envoyés en Serbie ou en Grèce. Nous connaissons le cas où les officiers » serbes ont reçu des souscriptions (souligné dans l’original) pour la » Croix-Rouge, d’autres où les ressources de la région ont été entière-» ment épuisées par des contributions réitérées. » Et voici encore un autre témoignage : « L'occupation serbe a été fatale pour la Macédoine ; un exemple » entre tant : Monastir comptait, avant l’invasion serbe, 80,000 habi-» tants; après l’entrée des Serbes le nombre se réduisit à 20.000, avec » tendance à devenir encore moindre. Tout le monde quittait tout » et se réfugiait à Salouique, Florina et ailleurs ; les musulmans, une >> fois mis en mouvement, ne s’arrêtaient qu’en Turquie; bon nombre » se réfugia en Albanie. Ne pouvant vendre leurs immeubles, ils pré-» férèrent tout abandonner et s’enfuir au plus tôt. La vie commerciale, » si intense avant la guerre, cessa tout d’un coup ; la misère fit irrup-» tion en même temps que les armées serbes. »