— 107 — possédaient des chariots, des bœufs ou des chameaux, lurent renvoyés à la suite de l’armée bulgare, à Gumuljina, et qu’on a dû en expédier encore 6209 par le chemin de fer. Mais tous les autres? Le même correspondant nous les représente insuffisamment vêtus et mal abrités, exposés au froid, menacés par la pneumonie et le typhus, et manquant parfois de pain pendant des semaines entières1. Une correspondance de Monastir, publiée le 29 novembre/12 décembre 1913 dans le journal bulgare Mir, relate : « Le 12/25 novembre, cinquante et un paysans bulgares ont été tués dans le quartier Boumba; un autre l’a été à Tchenguel-Karakolé, par les autorités mêmes. Les gendarmes pillent régulièrement les paysans qui reviennent du marché, après y avoir fait leurs ventes et leurs achats. Une quantité de paysans des villages de Ostribtsi, Ivanovtsi, Rouvtsi, Bala-Arkva, Vochéni, Borandi, ont disparu. Dans la localité de Krouchévo, on a frappé cinq personnes (suivent les noms) ; à Ostribtsi, neuf ; à Ivanovtsi, huit ; à Bérantsi, neuf ; à Srédi, sept; à Obrachani, quatre; à Padilo., trois, etc. A Okhrida, depuis la retraite des « comitadjis » (au commencement d’octobre) toute la population est en proie à la panique. Pas de village qui n’ait ses victimes, surtout parmi les prêtres et les maîtres d’école. Rien qu’au commencement d’octobre, sont tués trois prêtres, cinq instituteurs et environ cent cinquante villageois ou citadins bulgares, sans compter cinq cents Turcs et Albanais. Des quartiers entiers sont détruits comme appartenant aux rebelles, entre autres, les maisons familiales des chefs Tchaoulev et Matov. Tous les jeunes hommes quelque peu intelligents, au nombre de cinquante, sont emprisonnés. On les torture au moins une fois par jour et on les laisse quelques fois trois jours sans nourriture. Tous les prêtres sont arrêtés, parce que, le 14 et 15 septembre, ils ont prié dans les églises pour le roi Ferdinand et l’archevêque Boris; 1 Au moment où ce chapitre est sous presse, la reine Eléonora de Bulgarie j>arle encore dans la Neue, Freie Presse, des 60,000 réfugiés qui se trouvent en Bulgarie, sans abris ni vêtements. (La remarque est due à la Commission Carnegie.)