— 168 — sent. Récemment, des bergers albanais ont été pendus et leurs cadavres transpercés de coups de baïonnettes ; l’innocence n’est pas même respectée ; les Serbes brûlent vifs tous les enfants dont ils peuvent se saisir. Toutes ces cruautés qui ont pour but l’extermination de notre race, ont poussé les Albanais à bout ; n’ayant plus rien à perdre et étant arrivés au bout de leur patience, nos malheureux frères ont eu recours au dernier moyen dont ils pouvaient encore disposer, c’est-à-dire de vendre chèrement leur vie en défendant l'honneur de leur patrie. Leurs souffrances les ont poussés à chercher une mort horrible dans les champs de bataille. Au nom de l’humanité, nous faisons appel aux nations civilisées pour intervenir auprès des grandes puissances afin qu’elles ne permettent pas que nos populations, qui luttent depuis des siècles pour leur existence nationale, soient anéanties par les Serbes et les Grecs. »1 ]La révolte albanaise. — On mande de Valona au Bureau de correspondance viennois : On communique d’une source touchant de près au ministre de l’agriculture, Hassan bey, que l’assertion serbe, suivant laquelle ce dernier serait l’instigateur du mouvement albanais, ne répond pas à la réalité. Les soulèvements, qui ont eu un caractère local, ont été motivés par les agissements inhumains des Serbes. Comme ces derniers commettent, encore aujourd’hui, des actes de cruauté dans le territoire de Kotchavo, Hassan bey redoute la possibilité d’un soulèvement dans cette région.2 Nous lisons dans le journal italo-albanais Kuvêndi : « Certains journaux balkaniques se sont empressés de signaler les incendies des villages évacués par les Bulgares en accusant ces derniers de les avoir provoqués. Accusation portée, ils en ont tiré ensuite les conséquences : les Bulgares incendient les villages, car la population n’est pas bulgare, ce qui prouve que la Macédoine ne leur appartient pas. » 1 Journal de Genève, n° 267. du 1" octobre 1913. 2 Journal de Genève, N° 276, du 10 octobre 1913.