— 142 — C’est là plus qu’un demi-aveu. C'est la preuve que M. Reiss savait parfaitement ce qu’il en était de ces massacres de prétendus non-combattants civils. Il le savait même bien avant le grand public, et c’est précisément pour induire en erreur ledit public qu’il lance son appel dans les colonnes de la Gazette de Lausanne du 25 octobre 1915. D’autre part, voici ce que les journaux, côté Entente, publiaient à la même époque : L'Idea Nazionale de Rome, en date du 26 octobre 1915, rapporte en ces termes le récit de deux officiers français venant de Salonique : « Avec les Albanais restaient à Belgrade de nombreux comi-» tadjis serbes... parmi les comitadjis se trouvaient des vieux » et des enfants (dei ragazzi) et même des femmes qui atten-» daient l’envahisseur avec des bombes ou des fusils ou des » couteaux, ou en se tenant tout près de tas de cailloux. Tout » ce monde fit de vrais et réels prodiges de valeur et d'hé-» roïsme... » Le Corriere délia Sera du 28 octobre 1915, par dépêche de Bucarest de son service particulier, complète ce récit de la façon suivante : « Les Serbes se battent en désespérés. Des citoyens (citta-» dini) armés de fusils, des vieux, des femmes et des enfants » avec des bombes à main descendent dans la rue pour » combattre aux côtés des soldats. Chaque maison, même la » plus pauvre, possède sa provision de cartouches et de mu-» nitions... » La Gazette de Lausanne du 7 novembre 1915 rapporte d’après une dépêche de Copenhague en date du 6 novembre : « Le correspondant du Berlingske Tidende avec les trou-» pes autrichiennes en Serbie mande de Belgrade : » ... où se trouve le seul hôtel encore ouvert. Dans cet » hôtel les Allemands et les Autrichiens se réunissent et boi-» vent de la bière toute la journée. En face des fenêtres de » l’hôtel se dresse une potence où l’on pend les patriotes ser-» bes. Il n’y a que les habitants les plus pauvres qui soient » restés dans Belgrade. Fréquemment, lorsque les soldats