— 21 — ce, à rencontre des aspirations les moins douteuses des habitants des contrées convoitées par les Serbes1. Les Macédoniens résistèrent à toutes menaces comme à toutes séductions, celles contemporaines de la domination turque comme celles de l’époque qui suivit. Et cependant alors aux procédés des agents du grand et lointain protecteur s’ajoutèrent ceux des nouveaux occupants qui se donnaient carrière en un régime de sac et de corde pour contraindre les malheureux Macédoniens à se déclarer «Vieux Serbes» ou «Grecs fidèles». Mais tout fut en vain ; car, ainsi que le dit si justement M. Reinach: Les tentatives de dénationaliser un peuple aboutissent d’ordinaire à en irriter, à en exalter le sentiment. Opinion que M. Christiani, professeur à l’Université de Genève, a complétée lorsqu’il a dit : L’histoire nous apprend que tous les essais de dénationalisation d’un peuple n’ont non seulement jamais abouti mais ont été au contraire la source de toutes sortes d’inconvénients. Les atrocités de la domination serbe au lendemain de l’injuste et sacrilège sanction de la guerre d’indépendance balkanique qu’était le traité de Bucarest2, ne servirent qu’à unir davantage par la trempe de l’épreuve ces deux frères que sont le Macédonien et le Bulgare. En vain le Président Wilson intervint télégraphiquement 1 Cette propagande de dénationalisation était en outre favorisée par la politique du gouvernement turc dont la devise était : Divide et impera. 2 Malheureusement aussi, on ne saurait en dire autant de l’œuvre du traité de Bucarest. La délimitation qu’on y a arrêtée est loin d’être naturelle et de convenir aux tendances nationales des populations. C’est un nouveau germe de discorde que le traité de Bucarest a semé en violant partout le sentiment national et en disposant des territoires balkaniques, comme jadis le traité de Vienne de 1815 avait disposé des régions nationales de l’Europe. A en juger par cet exemple historique, une réaction nationale va suivre, tout comme à cette époque, l’œuvre de la routine diplomatique et politique». (Dotation Carnegie pour la Paix Internationak, p. 142).