— 32 — promet « l’ordre et la sûreté », quelques vieillards seuls sont restés et sont allés à la rencontre des soldats. Après avoir reçu des promesses, cinquante à soixante paysans qui y croient reviennent. Alors, par ordres exprès, les Turcs se précipitent sur les maisons ; soixante à soixante-dix hommes sont arrêtés, emmenés hors du village, et là, poignardés, aux cris de désespoir des femmes qui suivaient leurs maris. Les Turcs veulent leur part : ils prennent trois jeunes filles à leur choix et les emmènent, avec des chants et des cris, dans leurs villages. Le lendemain, le village est en flammes. Un jour après, la chasse aux fuyards commence. Ils sont partis environ trois cents. Neuf familles seulement arrivent à Kus-tendil. Les autres sont tuées ou dispersées : « Les balles serbes pleuvaient comme grêle » ; hommes, femmes, enfants tombaient morts. Dans le village de Loubnitza, les soldats serbes demandent de l’argent à la femme d’un nommé Téodor Kamtchev. Gomme elle n’en a pas, ils poignardent un enfant de quatre ans dans ses bras. A Kadoviclie1, qui est une ville, c’est le pillage en règle. « Sous prétexte de dons pour la Gro'ix-Rouge, les paysans ont payé quinze, trente, quarante-cinq napoléons pour éviter les tortures qui les attendaient. Le guide indique les « hommes riches » : «ici, c’est le capitaine Yaa, un Albanais, un ancien domestique de l’agence serbe de Vélès, maintenant chef de la bande protégée par le Gouvernement militaire ». Et notre témoin de conclure : « Les officiers serbes ont ramassé beaucoup d’argent à Radoviche. Dans les villages d’alentour aussi, beaucoup d’argent est extorqué. » A Chlpkovitsa2, les Serbes ont déshabillé et fouillé une femme pour lui dérober son argent ; puis ils l’ont violée. A Novo-Sélo3, les femmes se sont sauvées dans la forêt ; mais on a détroussé les hommes qui restaient. A Orahovitsa4, un magnat turc de Radoviche veut aussi 1 Dotation Carnegie pour la Paix Internationale, p. 130. 5 Idem, p. 130. 3 Idem, p. 130. * Idem, p. 131.