— 19 — pensée et son cœur, tel était le remède radical convenant à ce mal radical, « congénital », provenant des insuffisances de la diplomatie qui avait donné naissance de cet organisme mal venu. Le reste, la politique des « simples » n’était qu’amu-sette de pharmacopée diplomatique. Si l’idée de communauté nationale est, au dire de Renan, constituée par : « Les souffrances communes dans le passé et les espoirs communs en l’avenir », et si la nation est bien selon la définition de J. Gabrys: « Un groupe humain possédant une communauté d’origine, habitant autant que possible le même territoire, parlant la même langue, ayant la même histoire et animé du désir, de la volonté de vivre ensemble » —alors le peuple macédonien, qui a gravi un véritable calvaire sans cesser à chaque station de crier au ciel ses aspirations et son idéal bulgares, aurait dû de longue date trouver grâce devant l’opinion publique du monde civilisé et sa réunion à la mère-patrie, la Bulgarie, devrait être un fait accompli depuis des décades sur l’initiative des puissances elles-mêmes. Les Macédoniens du diocèse d'Uskub, dans leur proclamation de décembre 4914, disaient : Ce sont les luttes, les souffrances et les espoirs que nous avons invariablement partagés avec la nation bulgare entière, sans compter notre unité de culture et de confession, toute cette communion synthétisée dans trois événements historiques qui sont les moments les plus sublimes de l’histoire de la nation bulgare, à savoir la lutte pour l’institution d’une église bulgare autonome, la lutte pour la création d’un Etat bulgare indépendant et la lutte pour l’unité politique de la patrie bulgare entière, holocaustes auxquels notre diocèse a depuis vingt ans sacrifié la vie de ses enfants morts pour la cause de la révolution et pour lesquels trois légions de notre pays versent encore leur sang aux côtés des autres volontaires macédoniens. Ce n’était là qu’un des nombreux cris sortant de l’âme meurtrie des Macédoniens qui ne fait qu’un avec celle des frères de race bulgare. Les souffrances inouïes des populations macédoniennes ne trouvaient d’écho que chez ceux-ci, surtout ceux de Bulgarie indépendants et libres. Aux heures de détresse et de persécu-