— 116 — place. Indépendants et honnêtes, ces correspondants étaient tenus en suspicion par les Serbo-Monténégrins et par les Grecs dont ils se refusaient à transmettre et à propager les mensongesi. Restent les rapports officiels, consulaires ou autres, qui ne peuvent pas ne pas stigmatiser, avec toute la sévérité qu’elle mérite, la conduite des Serbes et des Grecs. Malheureusement ces rapports ne sont pas accessibles aux profanes, ils sont destinés à être ensevelis sous la poussière des archives en attendant qu’ils tombent eux-mêmes en poussière, ignorés et modestes... à moins que quelque fureur bolchevique ne vienne les dégager et secouer leur torpeur pour la plus éclatante publicité. Il y a bien aussi la presse austro-germanique, qui, elle, a enregistré beaucoup de choses tenues cachées aux peuples latins, grâce à la conspiration du silence ourdie par les magnats de la presse boulevardière. Mais pour éviter jusqu’au • soupçon de faire un procès de tendance nous n’avons pas voulu, dans les circonstances actuelles, puiser dans les journaux de langue allemande. Et nous ne nous sommes pas écar- I On sait qu'à plusieurs reprises, au Monténégro, les correspondants des journaux impartiaux ont été enfermés, parfois pendant plusieurs jours, dans des écuries infectes et des caves humides. C’était pour les empêcher de voir et d’entendre en même temps que pour les mater et les rendre dociles aux suggestions venant d’en-haut. C’est d’ailleurs un procédé cher aux Serbes et qu’ils ont déjà maintes fois pratiqué. M. Aug. Meylan, dans sa relation « A travers l’Albanie », rapporte un fait qui prouve que la prétention des Serbes d’imposer leurs mensonges aux journalistes occidentaux n’est pas d’hier. « A peine installé, dit M. Meylan, les démarches commencent ; ...le » commandant en chef, général Protitch (c’était en 1878), auquel je » m’étais fait recommander, m’envoyait un télégramme par lequel il » m’annonçait que les expériences de la dernière guerre avaient com-» plètement édifié le gouvernement serbe ; on ne tolérait plus de jour-» nalistes ; on les avait comblés d’attentions et de décorations et les ingiats » avaient calomnié le pays. » II est heureux pour ces pauvres Serbes, injustement calomniés (!) — malgré décorations ! et autres attentions ! — par les journalistes de 1877, qu’ils aient été si complètement réhabilités depuis les guerres balkaniques, par les représentants de certaine presse continentale contemporaine « dont le libéralisme — à l’exemple du classique lucus a non lucendo —- consiste surtout à se permettre toutes sortes de libertés envers la vérité !