— 47 — Ceux qui continuaient à se déclarer Bulgares s’exposaient à une persécution plus ou moins rigoureuse, selon qu’ils résistaient plus ou moins. Les plus intransigeants eux-mêmes finissaient par s’avouer vaincus : quand ils se montrèrent irréductibles, on les autorisa parfois à partir pour la Bulgarie, mais, le plus souvent, on préféra les envoyer en prison à Salonique ou à Uskub. Le prêtre et surtout l’évêque étaient les plus difficiles à réduire. On commençait par leur demander de changer la langue du service divin ; on cherchait à les soumettre aux autorités ecclésiastiques serbes ou grecques et on les obligeait à en mentionner les noms dans la liturgie. Si le prêtre montrait des velléités de résistance, on lui prenait son église exarchiste et on la donnait aux patriarchistes ; on lui défendait de communiquer avec ses ouailles et, à la moindre désobéissance, on l’accusait de propagande politique et du crime de trahison. On n’osa pas, au début, s’attaquer ouvertement aux évêques. Quand l’évêque de Vélès, Néophite, refusa de séparer le nom du roi Pierre, dans ses prières, des noms des autres monarques alliés, et se servit pour le culte de couleurs qu’on soupçonnait être les couleurs nationales bulgares, M. Pachits conseilla (4/17 janvier) aux pouvoirs militaires d’Uskub de le traiter comme un égal de l’évêque serbe et d’être corrects avec lui. Mais l’ordre ministériel n'empêcha pas l’administrateur local de Vélès de défendre à Néophite, quelques semaines après (24 janvier/6 février et 4/17 février), de tenir des séances et des assemblées dans son évêché, de voir les prêtres ailleurs que dans l’église et de communiquer avec les villages. L’évêque n’ayant pas voulu comprendre les conseils voilés qu'on lui donnait de partir pour la Bulgarie, on finit par envoyer chez lui un officier avec des soldats qui prirent son logement pour l’armée, après avoir battu son secrétaire. De la même façon, l’évêque de Débra, Cosmas, fut obligé d’abandonner sa métropole et de quitter sa ville. Ce fut pis encore à Uskub, où le gérant de l’évêché, l’archimandrite Methodius, après avoir été chassé de son logement, fut pris par force, enfermé dans une chambre et battu jusqu’à ce qu’il eut perdu connaissance (8/21 avril). Jeté dans la rue,