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milliers de victimes sans défense des férocités de vos grands amis. Craignez que tout ce sang ne retombe aussi sur votre tête — neutre si peu neutre ! — qui vous solidarisez ainsi avec eux. Ne vous « empalez » donc pas sur votre point de vue et ayez bien plutôt le courage de reconnaître votre égarement. A tout péché miséricorde et il n’y a que les petits esprits pour s’obstiner dans leurs erreurs.
         Du titre de juste, rendez-le ambitieux,
         C'est par là que les rois sont semblables aux dieux,
pourrait-on dire par transposition du divin poète ; les rois non couronnés que sont les libres citoyens d’une vieille démocratie telle que la Suisse, comme les autres! Docteur ! un peu plus de vérité olympienne et vous serez des premiers à regretter votre bulgarophobie si injuste!
   Ecoutez plutôt ce qu’écrit à M. Léon Savadjian1, votre chef de file actuel — car il a « mué » lui-même en cours de guerre2 — un maître de la science française :
            « Cher Monsieur,
   « Je suis avec attention les événements qui se préparent » dans les Balkans et je considère qu’une Entente Balkanique » est impossible sans que la Macédoine ne soit restituée à la » Bulgarie. Dernièrement ont paru plusieurs commentaires » sur l’origine de la population macédonienne, émanant de » savants et de politiciens serbes, grecs et bulgares ; naturelle-» ment chacun de son point de vue s’efforce de définir la Macé-» doine comme une majorité serbe, grecque ou bulgare.
   » J’étudie la Macédoine depuis trente ans et j’affirme les » droits incontestables de la Bulgarie sur cette province, peu-» plée en grande partie par les Bulgares, foyer du réveil » national bulgare. Encore en 1885 j’ai formé l’avis (Grande
   Cf. Gazette de Lausanne, N° 184, du 7 juillet 1915.
   2	II est amusant de constater que M. Léon Savadjian auquel nous faisons ici allusion et qui est maintenant si foncièrement bulgarophobe, camparaît encore en 1913 (Cf. 1’ « Orient », année 1913, Paris) la Macédoine à une Alsace-Lorraine bulgare. Ce sont des « mues » auxquelles il faut s’attendre de la part d’un publiciste « international » qui n’est ni serbe, ni bulgare, mais... arménien.