— 163 — cette époque. La révolte albanaise a été représentée du côté serbe comme le résultat combiné des agissements des Albanais de l’Albanie autonome et des menées bulgares. Ces deux causes sont vraisemblables, mais elles n’excluent pas une troisième : l’état des esprits de la population albanaise soumise à la Serbie. Cette population avait des raisons personnelles de se plaindre de l’administration serbe. Voici comment l’événement est expliqué dans une lettre d’Elbassan, que le journal bulgare publie (L’Echo de Bulgarie, du 28 septembre) et qu’il dit provenir « d’une source très sûre ». La commission n’a pas pu vérifier ses affirmations, mais, après tout ce qu’elle a vu et ce qu’elle a entendu dire, après la lettre authentique mentionnée ci-dessus, elle ne croit pas devoir les mettre en doute. « Le 20 septembre dernier, nouveau style, l’armée serbe a enlevé tout le bétail de la Malésia de Dibra. Les pâtres ont été forcés de se défendre et de se battre, mais ils ont été tous tués. Avec ces pâtres, les Serbes ont tué les deux chefs de clan de Liouma : Mehmed-Edem et Djafer-Eleuz, et se sont mis à piller et incendier tous les villages situés sur leur chemin : Pechkiapa, Pletza et Dochichti, dans le Dibra inférieur, Alaï-Beg, Machi, Para, Obokou, Klobotchichta et Solo-kitzi, dans le Dibra supérieur. Dans tous ces villages, les Serbes ont commis d’affreux massacres et des viols sur des femmes, des enfants et vieillards. Dans la ville même de Dibra, l’autorité a publié l’ordre de ne pas ouvrir le bazar le dimanche et la défense aux habitants de sortir de leurs maisons ce jour-là. Elle a arrêté quarante-huit notables. Lorsque les Serbes ont vu que les habitants des villages pillés et désignés ci-dessus étaient venus pour réclamer leur bétail et qu’ils entouraient la ville, ils firent sortir de prison les notables arrêtés et les tuèrent de la façon la plus honteuse. Dès lors, la terreur et le désespoir régna parmi les Albanais de Dibra et des environs et ils se sont révoltés. Ils ont attaqué les Serbes soit avec des* armes, soit avec des haches, des 'pierres ou des bâtons ; ils en ont tué quelques-uns et chassé les autres de la ville. Les hommes tués sont presque tous des