— 61 - maisons bulgares et à emporter tout ce qui leur tombait sous la main. Le capitaine albanais Yaa, ancien Gavas de l’agence serbe à Vélès, les accompagnait. Avant la déclaration de guerre, il errait déjà avec une bande dans les environs de Tikveche et causait de grands dommages à la population bulgare. Les officiers serbes ramassèrent beaucoup d’argent à Ra-doviche. Sous forme de dons à la Croix-Rouge, les paysans versèrent 15, 30, 45 louis d’or, pour éviter les tortures qui les attendaient. C’est la cavalerie serbe qui arriva la première dans le village de Novo-Sélo où on la reçut avec du lait et du pain. Puis vint l’infanterie, et c’est alors que les soldats pénétrèrent dans les maisons. Les habits, l’argent, tout fut emporté. Cependant on ne viola pas les femmes. On l’aurait fait sans doute sans l’énergique résistance de la population, ce qui permit aux jeunes femmes et aux jeunes filles de s’enfuir et de se cacher dans la forêt. Dans le village, tout proche de Varcheska, toutes les femmes furent violées et la population mâle tuée par les Turcs des villages voisins, accompagnés de trois Serbes. Le village entier fut pillé. A Chipkovitsa, les paysans furent terriblement maltraités. L’armée serbe était suivie par des Turcs qui les aidaient dans leurs cruautés. On ne sauvait sa vie qu’à prix d’argent. Les femmes furent violées, et quelques-unes entraînées hors du village par les soldats, à qui, plus tard, on parvint à les arracher. On leur demanda aussi de l’argent. Kalia, femme de Traiko Andonov, notable de Chipkovitsa, fut déshabillée, dépouillée de l’argent qu’elle pouvait [avoir sur elle, puis violée. Violée aussi la belle-fille et la fille de Kostadine Ghigov, tandis que Ghigov lui-même était battu. De toutes ces brutalités, il n’en est pas une qui n’ait été l’œuvre des Serbes. Biens et bétail, tout fut mis au pillage à Chipkovitsa comme à Novo-Sélo. Dans la maison du témoin à qui nous devons ces détails, on a dérobé tout ce qui pouvait l’être, et notamment on a pris huit louis d’or. Son frère fut saisi, fouillé et, quand on eut trouvé sur lui quarante francs, on l’entraîna dans la maison pour chercher s’il ne s'y trouvait pas encore