PREMIÈRE PARTIE Les atrocités serbes en Macédoine CHAPITRE PREMIER Un coup d’œil sur la question macédonienne La question macédonienne a provoqué l’épanouissement d’une littérature extrêmement abondante, et elle le mérite. Ne se rattache-t-elle pas à la classique question d’Orient? Elle a cependant un caractère bien à elle qui a influencé et son développement1 et aussi l’importance qu’on lui a attribuée. En effet, tandis que la question d’Orient intéresse toutes les Grandes Puissances sans exception, ne serait-ce qu’en raison des énormes intérêts économiques internationaux qui y sont engagés, la question de la Macédoine, d’envergure plus modeste, plus étroitement territoriale et plus spécifiquement balkanique, n’en intéresse que quelques-unes. Par contre, elle est vitale pour la Bulgarie et par voie de conséquence aussi, pour tous, car il importe à tous et, demain plus que jamais dans l’humanité régénérée en Société des Nations, il importera à tous que chacun ait les satisfactions légitimes 1 C’est le fatal Congrès de Berlin — fatal à quel point, la guerre mondiale le prouve ! — qui, laissant la nation bulgare disjectis membris, a laissé tomber la première semence de troubles et de désordres qui — mettant les Balkans périodiquement à feu et à sang — a constitué une menace permanente pour la paix et la sécurité européennes. Avant cette date (1878), il n’y avait pour les Bulgares que la vieille question d’Orient, dont la « question bulgare », englobant la Bulgarie, la Thrace et la Macédoine, ne constituait qu’un élément. Ainsi que le remarque fort judicieusement M. Rey : « Le traité de » Berlin fut une des pires iniquités de l’Europe contemporaine. On ren-» dit aux fonctionnaires turcs la Macédoine et la Roumélie, contre leur » volonté ». (La question d’Orient devant l’Europe, p. 31. Paris, 1917.) 2