— 24 — iniquités du traité de Bucarest, qui obligea — nolens volens — la Bulgarie à entrer dans la mêlée mondiale. Aucun grief particulier ne la poussait contre l'Angleterre, la France, la Russie ou l’Italie, auxquelles séparément ou conjointement l’unissaient bien plutôt intérêts et sympathies. C’est la nécessité vitale et absolue de délivrer les populations sœurs de Macédoine, gémissantes sous la botte des plus cruels oppresseurs qu’elle ait vus — et Dieu sait si elle en vit pendant des siècles! — qui poussa le Royaume d’entre Egée et Mer Noire à tenter une fois encore la fortune des armes. Les liens qui unissent les Bulgares de Bulgarie et d’irre-denta ne sont point une fiction impérialiste. L’ethnographie, la linguistique, l’histoire, la volonté des intéressés, tout prouve leur existence. Et à leur défaut, les atrocités commises par les Serbes et par les Grecs sur leurs prétendus « frères », sans doute par application ironique du « qui aime bien châtie bien », auraient suffi à eux seuls pour prouver, à l’évidence, qu’il s’agit de populations qui n’ont rien de commun avec les unes ou avec les autres. Mais le verdict serein de la science est là. Ethnographes, géographes, philologues, historiens et voyageurs, tous aussi savants qu’impartiaux, à l’envi ont prononcé. Des Serbes mêmes, tels que Jovan Raïtch, Karadjitch, Verkovitch, etc., se sont exprimés sur la nationalité des Macédoniens en des termes ne laissant plus aucun champ à la contreverse sur ce point. Nous ne citerons pas tout ce qui a été écrit à ce sujet, il nous faudrait des volumes. Contentons-nous de reproduire ici l’opinion de quelques-uns d’entre eux : Je ne veux pas parler pour la Macédoine, écrit M. Vladimir Milkovitch, professeur à ¡’Université de Czernowitz. Tous les mensonges n’y seront pour rien. La Macédoine est purement bulgare, plus bulgare même que la Thrace. Depuis longtemps, elle était le rêve du peuple bulgare. (Opinion libre, p. 326, 24 mai 1914.) L’illustre Niederlé, le savant professeur tchèque, déclare : Bien des fois déjà, je me suis prononcé en ce sens. L’histoire a fait de la Macédoine une terre bulgare.