— 146 — « Ce qu’il y a d’étrange dans la situation, c’est que Monas-» tir, qui est serbe depuis trois ans à peine, n’a en fait de » Serbes que les officiers de la garnison et les fonctionnaires » du gouvernement ; sa population se compose de nationa-» lités divisées en groupes presque équivalents : Bulgares, » Musulmans (Albanais), Koutso- Valaques d’origine rou-» maine et Grecs. Durant les trois dernières années de leur » occupation, les Serbes n’ont pas su, peut-être même, n’ont » pas pu aller au cœur des Macédoniens. C’est la raison pour » laquelle maintenant (l’auteur écrivait à l’époque de la » retraite serbe de 1915-1916), au moment critique, la Serbie » ne peut nullement compter sur l’aide spontanée des popu-» lations. » Et plus loin : « Je m’engage dans ce chemin de montagne de cette Ba-» bouna, escarpée et rocheuse, qui constitue la muraille de » la Macédoine serbe. Je retrouve, mais plus rares, les -petits » groupes de maisons que j’avais déjà vus sur la large chaus-» sée qui s’allonge sur l’espace de 40 kilomètres de Monastir à » Prilep et qui est parmi le peu de bonnes routes que possède » la Serbie. Ce sont des villages habités presque totalement )) par des paysans et des pâtres de nationalité bulgare. » Ceux-là n’ont rien à craindre de l’arrivée des Bulgares. Ils » n’ont pas bougé lorsque la menace était très proche. Quel-» ques-unes de ces familles ont fourni dans le passé des » k comitadjis » pour l'agitation bulgare du temps des » Turcs. » Dès lors, il est bien compréhensible que maintenant ils » ne s'émeuvent point de la venue possible des soldats de » Ferdinand. Il se peut qu’ils s’unissent à eux... » Et plus loin encore : « La Serbie, malgré le changement de noms des rues et » des drapeaux sur les hampes, n’a pu serbiser la population » macédonienne. Il y a beaucoup de paysans bulgares, il y a » trop de Musulmans et pas mal de Roumains qui ne veulent » pas être nommés Koutzo-Valaques, et quelques Grecs, à