— 427 — difficile, à juger par les articles de presse de l’époque, pour arriver à mettre, en parfait accord, tous les points sur tous les i. « Pendant ce temps — de l’aveu même de M. Reiss— les révolutionnaires restent inactifs ». La raison? Mais c’est qu’ils attendent que les négociations entre la Serbie et... mettons... la Patagonie, aient abouti et que le droit d’envahir l’Albanie ait été reconnu aux Serbes. C’est donc juste au moment voulu que les Albanais, dociles comme toujours, recommencent leurs incursions et... le reste suit comme prévu par les intéressés. Décidément, l’explication de la combinaison n'a pas été emmanchée avec tous les soins voulus par M. Reiss. Il s’efforce, par une vraie avalanche de détails — les uns plus inutiles que les autres — de suppléer à la pauvreté de sa documentation et au manque complet de toute preuve acceptable; il cite pêle-mêle des noms de personnes et d’institutions politiques1 connus pour avoir pris une part active dans les mouvements balkaniques de cette dernière décade, I Nous avons sous les yeux la correspondance que M. Reiss adressait à la Gazette de Lausanne, le 28 juin 1915, de Kragujevatz. On y trouve de tout dans cette correspondance; l’Autriche qui frustre la Serbie de ses droits sur l’Albanie et qui fournit des armes aux Albanais en 1913, afin que, sous les ordres « d’officiers et d’agents (?) austro-hongrois», ils pussent envahir la pacifique Serbie. Le gouvernement serbe avait cependant prétendu, et cela bien avant' M. Reiss, que cette révolte était « le résultat combiné des agissements des Albanais de l’Albanie autonome et des menées bulgares». Qui croire ? le gouvernement serbe ou M. Reiss ? Quelques lignes plus loin, les Jeunes-Turcs rivalisent avec l'Autriche en manœuvres contre la Serbie, bien entendu, et le prince Cyrille de Bulgarie se met sur les rangs pour occuper le trône albanais. M. Reiss n’ignore aucune des réunions qui se tiennent tantôt chez le fameux Prink Bib Doda, tantôt chez Akif Pacha. Il connaît même les personnages qui prennent part à ces conciliabules, ainsi que la portée des délibérations. II sait encore que des « officiers autrichiens deviennent mahomé-tants afin d’inspirer confiance aux Albanais (?) et qu’en même temps on cherche à réconcilier les Albanais musulmans avec les catholiques.» En effet, il n’y avait*que les Autrichiens — toujours eux — renégats pour réaliser cette réconciliation. En attendant, « les bandes albanaises sont commandées par des officiers autrichiens et jeunes-turcs ». 11 y manque bien les officiers bulgares, mais leur tour viendra, lorsqu’il s’agira de recruter les Albanais, pour massacrer la population de lu Serbie occupée ou pour traîner en Asie-Mineure les 8000 jeunes filles serbes que les Bulgares vendirent aux Turcs !