— 178 — Un autre professeur de l’Université de Belgrade, M. St. Stanoyévitch1, crée un Etat yougoslave — depuis quelques temps on couvre les appétits serbes sous le manteau de la Yougoslavie — en usurpant des territoires qui appartiennent aux Albanais, aux Bulgares ou même aux Grecs tout au sud de la Macédoine. Ce qui est étrange, ce n'est pas l’étendue du chauvinisme serbe2, mais bien la mentalité serbe; prétendre que tous ces pays sont habités par des Serbes et puis les envahir et en massacrer la population, cela dépasse toutes les ressources de la logique. Il n’y a que les Serbes et leurs amis pour le comprendre et l’expliquer. Protocole d’enquête de la Commission bulgare sur les massacres de Bossilegrad3 La Commission, nommée par ordre du commandant de la 5e armée actuelle (N° 1764), composée du colonel Tanev Alexandre, chef de la brigade de réunion de cavalerie, président, et de MM. Eschenkov Nicolas, chef de l’arrondissement de Kustendil; le Dr Petrov, lieutenant du service de santé; Tochko, chef de la section sanitaire de la 5e armée; le Révérend Père Anastase Poppe Zacariev, faisant fonction d'évê-que ; Sotir Iltchov, conseiller municipal de la ville, membres, 1 Stanoyé Stanoyévitch « Le Problème yougoslave ». Paris 1918. 5 Le journal serbe liadnitchké Noviné, constatant l’impérialisme insatiable et démesuré de ses compatriotes, ridiculise ceux-ci dans un article humoristique de mi-juin 1915 intitulé, « Nos prétentions » : « En ces jours où nous créons la Grande Serbie, nous ne devons » perdre de vue aucun des territoires sur lesquels nous avons des » droits soit historiques soit ethnographiques. Pour la Macédoine, l’Al-» banie et les trois quarts de la Bulgarie, cela est déjà prouvé : tout est » serbe, seule la distraction balkanique a pu donner à ces terres pure-» ment serbes des noms étrangers n’ayant rien de commun avec elles. » Qu’il cela ne tienne, nous avons encore beaucoup à demander : Pour » quelle raison, par exemple, Salonique ne serait-elle pas serbe? Notre » Doïtchin malade n’y fut-il pas alité quelques temps ? Pourquoi Sérès » ne serait-elle pas à nous ? Douchan n’eut-il pas sous ses murs une » dysenterie mémorable? Ne pouvons-nous pas de même revendiquer » une partie de l’Asie Mineure ? Les Serbes n’ont ils pas versé leur » sang pour aider Baïazid contre Tamerlan ? Que vous en dirait de la » Californie, n’a-t-elle pas tant et tant de villes serbes ? etc. 3 Dotation Carnegie pour la Paix Internationale, pp. 415-417.