— 141 — En octobre 1915, M. Reiss se fait le promoteur d’un appel1 au Conseil fédéral suisse en vue d’une intervention des neutres en faveur de la population civile serbe que les Bulgares et les Austro-Allemands massacraient impitoyablement2. Inutile d’ajouter que tous les milieux serbes et serbophiles font chorus. Or, M. Reiss savait parfaitement bien que ce qu’il avançait était faux ; qu’en réalité, il ne s’est agi que de répressions militaires, incontestablement méritées par la population des pays serbes occupés, et permises de tous temps par les lois de la guerre. Dura lex, set lex. Nous laissons de côté les justifications qu’ont pu présenter les états-majors austro-germano-bulgare. Nous ne nous en tiendrons qu’à ce que disent les milieux sympathiques à la Serbie et, avant tout, à ce que dit M. Reiss lui-même dans une autre circonstance. Dans sa conférence du 14 février 1916 déjà mentionnée, M. Reiss s’exprime en ces termes : « L’armée serbe est profondément inspirée de l’esprit dé-» mocratique. Tous les citoyens serbes valides portent les » armes. Le premier ban est entièrement équipé. Une partie » du second et le troisième (landsturm) n’ont pour tout équi-» pement que le fusil, le ceinturon et la cartouchière. Us » vont au combat avec leurs vêtements de tous les jours. Ils » n’en sont pas moins régulièrement incorporés dans l’armée » et quand les Austro-Hongrois, affectant de les considérer » comme des francs-tireurs, les fusillent sans autre forme de » procès lorsqu’ils tombent entre leurs mains, ils commet-» tent un acte absolument contraire aux lois de la guerre. » 1 On se rappelle aussi les hauts cris qu’avait jetés à l’époque le gouvernement serbe dans les journaux à sa dévotion. Inutile d’ajouter que tout cela était fait pour masquer la vérité. 2 On était plus expéditif à cette époque-là. On massacrait tout simplement, en attendant que M. Reiss et le gouvernement serbe eussent trouvé quelque chose de plus féroce : les déportations chez les Turcs ! Notons en attendant la modestie exemplaire de M. Reiss. Son appel est encombré d’affirmations telles que : » Je sais ce que les Bulgares ont fait... » J’ai vu les villes... et les villages détruits... » J’ai examiné beaucoup de leurs victimes... » Moi qui y étais, j’affirme que... »